La naissance d'une nouvelle science : La recherche académique sur les PAN
La Society for UAP Studies (SUAPS) organise sa première conférence internationale en ligne. Sentinel couvre l'événement dans son intégralité.
La première journée a vu un mélange étonnant entre des scientifiques en sciences humaines et des sciences dures présentant leurs recherches, avec une place importante accordée aux femmes, généralement sous-représenté sur le sujet.
Le premier à prendre la parole a été le directeur du SUAPS, le Dr. Michael Ciphone, qui a rappelé la nécessité d'une recherche multidisciplinaire sur ce vaste sujet. Il a toutefois insisté sur la difficulté de définir le sujet d'étude lui-même et ses limites, en s'interrogeant sur les méthodes permettant de découvrir ce qui attend les scientifiques au-delà du mystère.
Il a ensuite salué l'évolution de l'atmosphère entourant le sujet, qui permet à un nombre croissant de scientifiques de travailler sur le sujet avec moins de crainte pour leur carrière. Christian Peters a ajouté qu'il était important de développer une méthodologie d'étude, malgré les limites de l'interdisciplinarité. Il a conclu l'introduction de la conférence en déclarant qu'il souhaitait que celle-ci soit un espace protégé pour discuter ouvertement du sujet des PAN.
Dr. Brenda Denzler
La première conférence a été menée par le docteur Brenda Denzler, docteur en études religieuses à l'université de Duke, qui a rédigé en 1998 sa thèse sur le thème des sous-cultures liées aux OVNI et aux enlèvements.
Elle a expliqué qu'à l'époque, il y a 26 ans, le simple fait d'écrire qu'un événement s'était déroulé à Roswell avait suffi à déclencher les inquiétudes de son directeur de thèse. Autre évocation du stigma qui existe sur le sujet, elle a expliqué qu'elle se sent aujourd'hui plus libre d'en parler, car elle est à la retraite. Elle s'est ensuite interrogée sur la capacité même de l'être humain à percevoir et comprendre suffisamment le sujet des PAN,, ce qui l'avait poussée, au début de ses recherches, à envisager une hypothèse d'explication "paranormale" du phénomène.
Elle raconte ensuite une rencontre intrigante avec un administrateur de très haut niveau d'une université. En discutant de ses recherches, elle évoque le sujet des OVNI, et celui-ci lui répond que, alors qu'il travaillait sous accréditation de sécurité dans un institut de recherche financé en grande partie par le département de la Défense, un chercheur était venu valider une commande de matériel de communication d'une puissance telle qu'il pouvait servir à communiquer avec une cible dans l'espace lointain. Interrogé par l'administrateur, le chercheur avait répondu « disons simplement qu'il y a quelque chose là-dehors ».
Selon le Dr Denzler, l'administrateur a compris cette réponse comme étant la confirmation qu’un contact avait été établi avec une forme de vie intelligente alien.
Suite à cette conversation, le Dr Denzler a considéré d'autres hypothèses que le paranormal pour expliquer les observations de PAN, dont l'hypothèse extraterrestre, malgré le fait que le gouvernement et ses agences aient essayé de la ridiculiser.
La suite de la conférence présente une liste des différentes hypothèses expliquant certains attributs des PAN rapportés par les témoins. Une place importante est acordée à des hypothèses de conscience non humaines, mais locales, voire multidimensionnelles, ce qui expliquerait la difficulté de les anticiper, de les enregistrer, et expliquerait aussi le fait que les informations rapportées par les témoins sont souvent conflictuelles. Un des rares aspects communs à de multiples rencontres rapprochées est l'attention portée par ces apparitions à l'environnement et l'exclusion de toute autre problématique humaine. Cela pousse le Dr Denzler à penser que l'origine des PAN est locale, voire temporelle, en citant les travaux du Pr Michael Masters.
Elle s’appuie ensuite sur le récit de l'enlèvement du sergent Schirmer, le 3 décembre 1967. Celui-ci a raconté avoir été enlevé par des êtres déclarant venir d'une autre galaxie et avoir communiqué avec eux. Le Dr Denzler précise ensuite que les informations délivrées semblent vouloir nous garder volontairement confus et les interlocuteurs semblent très intéressés par nos modes de reproduction, et même, selon certains témoignages, une volonté de s'insérer dans la population Homo sapiens.
Le Dr Denzler explique ensuite qu'il pourrait y avoir un renouveau du sentiment religieux avec la compréhension que des influences culturelles anciennes aient pu avoir lieu à la suite de rencontres rapprochées. Elle explique cependant que l'étude du sujet sous le prisme de la religion était confrontée à un problème majeur : l'objet de l'étude est en fait l'attitude de l'homme face à ses dieux, et non l'étude des dieux eux-mêmes.
Elle cite alors le Dr Malidoma Patrice Somé, qui a déclaré : « Nous sommes souvent observés de près par des êtres que nous ne pouvons pas voir ».
Le Dr Denzler évoque ensuite les Djinns, des êtres mythologiques à la fois spirituels et matériels capables d'exister dans plusieurs plans, et décrits comme des lueurs sans fumée quand ils souhaitent être visibles. Ils habiteraient un monde intermédiaire au nôtre, et c'est peut-être cet autre monde qui intéresserait en fait des espèces extraterrestres à venir ici.
Répondant à une question de Sentinel concernant la possibilité qu'il y ait plusieurs sources simultanées plutôt qu'une seule responsable de l'ensemble du phénomène, le Dr Denzler a déclaré que sa méthode de travail visait plus à travailler sur une hypothèse à la fois, mais que la probabilité que l'on soit face à plusieurs sources était, selon elle, élevée.
Maya Cowan
La conférencière suivante était Maya Cowan, doctorante en anthropologie, qui a abordé la façon dont la recherche sur les PAN s'organise et l'attitude des scientifiques qui la mène.
Après avoir expliqué la différence entre l'approche matérialiste, qui considère l'aspect physique des PAN, et l'approche psychologique, qui considére le rapport humain au phénomène, elle a précisé que cette division est aussi le fait de la division de la recherche scientifique entre sciences humaines d'un côté et les sciences physique de l'autre. Elle émet l'hypothèse qu'il s'agit en fait d'un objet d'étude scientifique relevant d'un espace des limites, une science de l'anomalique, une science du mystérieux.
En effet, même dans l'approche psychologique du témoin, des éléments technologiques ressortent souvent de leur récit.
Elle précise aussi que quasiment tous les scientifiques travaillant sur le sujet des PAN et qu'elle a rencontrés ont déclaré avoir vu quelque chose d'anormal ou même avoir vécu des choses plus étranges.
Elle fait ensuite le parallèle avec la découverte par la science rationnelle de l'existence des météorites, qui étaient considérées comme des impossibilités scientifiques, car après tout, il ne peut pas pleuvoir des rochers. Ce fut le cas de la pluie de météorites sur village de l'Aigle, en France, le 26 avril 1803. Alors que le sujet de l'origine des météorites était débattu suite à la thèse de Chladni, l'enquête menée sur place par Jean-Baptiste Biot a permis d'inscrire la réalité de ce phénomène dans le consensus scientifique. Il est intéressant de remarquer que cela ne fait que deux siècles que la science admet cette réalité.
Elle cite ensuite le cas de l'anthropologue Diego Escolar, qui a retardé la parution de ses recherches pendant quatorze ans, parce qu'il avait observé un OVNI durant son étude et qu'il a pris le temps de trouver comment en parler dans un journal scientifique.
Elle raconte comment elle-même a été témoin d'une coïncidence étrange. Alors qu'elle était sur le terrain avec une équipe de scientifiques, une voyante est venue, souhaitant tester ses capacités. Alors que la voyante dit sentir une présence, les scientifiques détectent une surcharge de signaux infrarouge réussissant à déconnecter les caméras.
Elle explique ensuite que l'on peut considérer l'instrumentation lors des expériences comme une extension des capacités de perception du témoin.
Répondant à une question de Sentinel, elle explique que la motivation principale des scientifiques travaillant sur le sujet est issue d'un intérêt profond qui trouve ses racines dans la science-fiction ou dans des observations personnelles, voire même des expériences d'abduction. Elle précise aussi que c'est la réduction du stigma sur le sujet qui a permis aux scientifiques de travailler sur le sujet.
Dr Wesley Watters Whitehead
Le Dr Wesley Watters Whitehead, professeur associé en pensée critique et professeur associé en astronomie, a ensuite présenté les recherches menées dans le cadre du projet Galileo de Harvard, sous la direction du Dr. Avi Loeb. Après avoir rappelé la publication des articles expliquant les méthodes et les outils utilisés, il a expliqué les deux principales façons d'enquêter de façon instrumentale sur les PAN : d'une part la mise en place d'observatoires multimodaux enregistrant l'ensemble de ce qui se déroule et d'autre part l’élaboration d’une signature hypothétique de PAN et sa recherche spécifique pour essayer d'en trouver un.
Si le projet Galileo est principalement axé sur le premier pour le moment, il déclare que l'équipe commence à envisager comment mettre en place le deuxième. Il explique ensuite le travail acharné, mais invisible, que le projet est en train de réaliser, calibrant à l'extrême les instruments équipant les observatoires et traitant des données récupérés par ces derniers. À ce propos, il montre des images illustrant l'énorme quantité de données générées par les multiples instruments, indiquant qu'ils sont toujours dans la phase de mise en place des observatoires. En effet, avant de pouvoir les utiliser en continu, il est nécessaire d'avoir en place la calibration totale des instruments, mais aussi le système d'exploitation des informations. Ils utilisent ainsi des intelligences artificielles qu'ils entraïnent avec des données simulées pour reconnaître les objets conventionnels, créer des trajectoires à partir des analyses image par image, puis les relier à des enveloppes de performance connues pour détecter des signatures anomaliques. À l'heure actuelle, les observatoires sont constitués de caméras infrarouges et de réseaux de microphones. Il a présenté comment ils développent de nouvelles techniques d'interprétations des signaux à partir des réseaux de microphones, permettant de récupérer les signatures des oiseaux, des avions et de leurs échos sur l'environnement pour en déduire la vitesse, l'altitude et la direction. Ils souhaitent par la suite mettre en place un modèle de fondation permettant au système de s'autogérer.
Il a ensuite présenté d'autres plateformes de détection sur lesquelles ils travaillent, beaucoup plus compactes et faciles à transporter. Puis, il a montré des résultats préliminaires avec des exemples de météores et de leurs signatures lumineuses. L'une des méthodes utilisées pour distinguer les objets consiste à analyser leurs trajectoires et à extraire les angles de virage pour détecter les objets capables de changer rapidement de trajectoire. Il a également présenté leurs essais de triangulation par signature optique, utilisant plusieurs caméras simultanément pour estimer l'altitude et la distance d'avions. Il a ajouté que pour lui, les deux outils les plus prometteurs pour l'obtention de données dans le futur seraient un spectroscope, permettant d'obtenir la signature lumineuse précise d'un objet, et un radar.
Interrogé par Sentinel sur une solution possible au problème posé par l'immense quantité de données récupérées par un tel observatoire, il a répondu qu'ils n'avaient pas trouvé de solution idéale, car leur accès est indispensable. La seule possibilité est de réduire l'apport de données en n’enregistrant que ce qui serait relevé anormal par les intelligences artificielles, mais qu'à l'heure actuelle, ce n'est pas encore viable.
Cette question est particulièrement importante puisqu'elle est au cœur du projet d'observatoire mobile de Sentinel Lab, le SELMO. Prévu pour entrer officiellement en fonction en 2025, ses instruments sont déjà en test sur le terrain afin de définir les meilleurs réglages possibles lors des campagnes d'observation. Cependant, le problème actuel est l'immense quantité de données générées par des instruments à haute définition à la fois temporelle et de précision dans les données. Celles-ci doivent être facilement accessibles, pour qu'elles soient exploitables, et être stockées de façon sécurisée, hors de l'influence de champs électromagnétiques, et souvent les connexions sur le terrain ne peuvent souvent pas supporter le débit montant de données pour un stockage à distance.
Ass. Pr. Matthew Szydagis
Le dernier à prendre la parole a été Matthew Szydagis. Professeur associé à l'université d'Albany, celui-ci a présenté les résultats d'UAPx, un groupe de recherche ayant mené une étude de terrain en 2021 sur la côte ouest des États-Unis, près de Los Angeles. Il a présenté les immenses efforts pour mettre au point des méthodes analogiques de repérage automatique d'anomalies, et la méthode avec laquelle ils ont essayé de catégoriser et d'expliquer le plus d'anomalies possible. La principale anomalie détectée est toujours inexpliquée à ce jour. Des données radar obtenues semblent même montrer qu'un phénomène a bien eu lieu à l'endroit filmé, même si les résultats sont non conclusifs.
Il défend ensuite un niveau d'acceptation de preuves scientifiques sur les PAN à sigma 3, un niveau statistique considéré par les physiciens comme acceptable, et se traduisant par le fait qu'une situation due à coïncidence a bien moins qu'un 1% de chance de se produire et de provoquer une corrélation de données.
Il conclut sa présentation en appelant les intéressés à rejoindre le cours qu'il donnera au sein de la Society for UAP Studies en septembre, portant sur les modes de propulsion permettant les voyages interstellaires.